Tamarah Moutotekema Boussamba, est une jeune brillante Economiste et Entrepreneure. Célibataire et sans enfants, elle est un véritable leader jeunesse. Inscrite en doctorat, elle a décidé de créer une société appelée AGRIDIS. Cette idée lui est venue en se remémorant un souvenir d’enfance.

D’où lui est venue l’idée de créer AGRIDIS ?

 « AGRIDIS naît d’un souvenir marquant dans mon enfance. J’ai grandi dans un Ranch appelé « SOGADEL » avec mes grands parents. J’y ai passé une partie de mon enfance avant de poursuivre dans  la petite ville du sud du Gabon « Ndendé ». Je me souviens qu’un jour nous n’avions pas grand-chose à manger, j’avais juste bu de la purée de manioc communément appelée « purée de Malobi » de toute la journée. Le lendemain très fatiguée, je ne suis pas allée à l’école. C’est un souvenir très marquant pour moi. A cet âge là un enfant devrait pouvoir manger convenablement. Puis, en grandissant j’allais aux champs  avec ma grand-mère. J’ai vécu les difficultés auxquelles sont confrontés les agriculteurs : la pénibilité du travail, la distance des plantations, les faibles réseaux de commercialisation…J’observais et je me disais qu’il fallait faire quelque chose, il fallait l’aider.

Etant étudiante, j’ai travaillé avec quelqu’un qui avait décidé de produire de la tomate, je m’occupais de la commercialisation. A la fin de mon contrat, j’ai décidé de lancer AGRIDIS. Mon Leitmotiv en créant AGRIDIS, c’était de faciliter l’accès aux produits locaux à tous les gabonais et que plus aucun enfant ne meurt de faim. Aujourd’hui, nous produisons pour nourrir les gabonais, nous commercialisons et rachetons avec d’autres producteurs pour leur offrir un débouché mais aussi rendre les produits agricoles disponibles au plus grand nombre. Que ce soit dans un supermarché, ou sur un étal dans un marché ou un carrefour de la place.

Petite douche froide et changement de stratégie.

«  J’ai commencé par la commercialisation, avec l’ouverture d’une boutique grâce à un fonds de démarrage que j’ai obtenu via la Fondation Tony Elumelu et son programme TEP, un programme qui finance des entrepreneurs dans les 54 pays africains.

Ne maîtrisant pas les rouages, j’ai échoué au bout de 6mois d’activité : c’était mon premier échec. J’ai continué à me former pour apprendre de mes erreurs et j’ai changé de stratégie. J’ai recommencé cette fois ci sans boutique physique mais en rachetant en gros et livrant directement sur commande aux commerçantes. Là, j’avais trouvé le bon filon, je me suis fait un carnet d’adresse dans les marchés, mais la réalité nous rattrape toujours.

 Les récurrentes ruptures de produits locaux m’ont poussé à financer les activités de ma grand-mère au lieu de juste racheter. Je finançais la production ainsi que celle d’autres femmes ainsi j’avais de la production disponible. Aujourd’hui ; nos activités ont bien évolué malgré les difficultés, nous vendons nos produits dans les supermarchés et dans les marchés.

D’AGRIDIS à l’application  wagui.

 « Wagui naît effectivement de mon expérience. Je cherchais des producteurs avec lesquels je pouvais travailler mais c’est le parcours du combattant. Et pourtant il y’a de braves gabonais qui font des choses extraordinaires en agriculture en province mais qui sont déconnectés. Pour moi le Digital est une formidable opportunité et notre vie sera de plus en plus digitalisée. Aussi, en créant Wagui, l’idée de base était de faciliter le conseil agricole. J’estime que pour augmenter la production, il faut augmenter la productivité et le rendement à l’hectare. Il ne suffit pas de produire, mais de bien produire avec des rendements qui permettraient à l’agriculteur de gagner de l’argent. Et c’est là que le conseil de proximité rentre en jeu.

 Donc, Wagui permet d’avoir un conseil agricole de proximité sans attendre la présence physique d’un ingénieur agronome que beaucoup d’agriculteurs d’ailleurs ne peuvent s’offrir. Il permet aussi de vendre sa production depuis sa plantation. A ce jour, 400 agriculteurs sont inscrits, au Gabon, au Cameroun et au Congo. Nous continuons son développement en y ajoutant des fonctionnalités, en améliorant l’expérience utilisateur pour la rendre la plus accessible possible. Elle s’adresse aux agriculteurs, producteurs, commerçants, acheteurs, transporteurs. L’idée c’est de vraiment retrouver tous ces acteurs de la chaîne de valeur sur une même plateforme. »

Contribution nationale

Très active, elle a travaillé en tant qu’Expert pour le Plan de Relance du Secteur Agricole par les Jeunes et les Femmes au Ministère de l’Agriculture gabonais en 2017. Elle a participé à la proposition de projets tels que l’Incubateur Agricole AGRILAB, «Classes Vertes », la mise en œuvre du Salon des Jeunes Agripreneurs du Gabon et le Forum des Jeunes de la CEEAC sur les Changements Climatiques.

Tamarah  dépasse les préjugés….

Pour la majorité des gens, avoir ou être inscrite en doctorat et faire ce travail peut paraitre insignifiant, Tamarah, ne s’est pas laissé influencer par tout ceci.

« Je suis de Nature très Ambitieuse. Bien que mon Doctorat ne soit pas encore arrivé à son terme, je  dois vous avouer que mes parents n’ont pas compris mon choix. Je ne m’attendais pas à ce qu’ils comprennent. Mais, ça a été difficile de devoir me justifier, expliquer, refuser les offres d’emploi qu’ils m’envoyaient. Pour eux, même si c’était ce que je voulais faire, il fallait au moins que j’ai un travail « à côté », mais ce n’était pas ma vision des choses. J’aime les choses bien faites, je savais que mon activité me demanderait du temps et de l’énergie. Il fallait que j’y sois à 100% pour bien maîtriser les tenants et les aboutissants. Surtout, j’avais maintenant une raison de leur prouver qu’ils avaient tord d’essayer de me dissuader. Aujourd’hui, ils ont tous compris et ma mère est mon 1er Fan (rires). »

Une détermination inspirante

«  Ah les regards…les regards pesants parfois j’avais le sentiment d’être dans un monde parallèle. Les gens ne comprenaient pas ce qui me poussait à faire de l’agriculture et surtout c’est un secteur qui demande beaucoup de patience. Comme j’aime à le dire quand tu plantes une Graine ; il faut attendre qu’elle te donne des fruits, ce n’est pas de la magie.il faut donc beaucoup de patience, et si tu n’as pas mis en place des stratégies pour gagner de l’argent en attendant la récolte , tu peux te retrouver dans une situation financière délicate. Quand tu es une jeune femme, tu peux te décourager et être tentée par des propositions vicieuses. Tu peux te comparer aux autres et avoir envie d’arrêter parce que ta copine a une voiture et toi non. Tu as le sentiment de traîner, tu veux que ça aille plus vite. Le regard peut déstabiliser. Il ne faut pas se comparer aux autres et surtout rester fidèle à sa vision. Lorsqu’on a une vision claire, c’est très difficile de se laisser distraire. »

On comprend aisément qu’il y a un travail à faire pour casser cette vision de  l’activité agricole et comment peut-on le faire ?

Il faut déjà des politiques agricoles claires qui permettent l’éclosion de véritables Self made Men et Women dans le secteur avec un parcours retraçable. Il faut mettre en lumière ceux qui réussissent, parce que je considère qu’on Inspire par l’exemple. Il faut qu’on les voit et qu’on les connaisse ces exemples là. Enfin, il faut assainir l’écosystème pour que le secteur se développe et que les opportunités qui y sont soient captables plus aisément.  Il faut le financement, l’accès à la Terre, l’accès au matériel agricole, et la main d’œuvre de plus en plus jeune va s’y intéresser. Le secteur est un vivrier d’opportunités, mais celles-ci sont enfouies dans ce problème de structuration. L’agriculture ce n’est pas que la plantation, c’est de la plantation à l’assiette, il y’a toute une chaîne qui englobe la production, la transformation, la commercialisation, la distribution. Il y’a aussi pêche, il y’a l’élevage, il y’a la pisciculture… les opportunités sont nombreuses.

Reconnaissances :

Nombreux seraient tenter de minimiser le travail abattu par Tamarah et pourtant, cela lui a valu de nombreuses reconnaissances. Elle a été lauréate du Tony Elumelu Fondation (Nigeria) (qui finance des entrepreneurs africains), du « Moremi Initiative (Ghana), du YALI (Dakar), du Mandela Washington Fellow (USA) un programme crée par l’ancien Président Barack Obama ; du  « Africa Code Hackaton Awards » (Egypte), du Obama Leader Africa (USA). En 2022, elle a été lauréate du WIA Young leaders. Et, ce qui est génial avec elle, c’est qu’elle garde la tête froide.

« Parfois je me demande aussi comment je fais (lol). Mais je crois beaucoup en la formation, en l’acquisition de nouvelles connaissances. Il faut se réinventer et être à jour de nouvelles méthodes, de nouvelles découvertes. Donc je me forme beaucoup pour améliorer mes capacités managériales, mes process. Je prévois du temps pour le faire. Et , les connaissances acquises, je les mets en pratique dans ma façon de gérer mon équipe, de travailler avec mes partenaires mais aussi de participer bénévolement à des activités de justice climatique, préservation de la nature, promotion de la Paix. Je suis d’ailleurs Ambassadrice du Fonds Mondial pour la Nature et aussi Ambassadrice de la Paix. Je redonne à ma communauté ce que j’apprends.

Mail : tamyheidi@gmail.com

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Twitter Tamarah Moutotekema Boussamba

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